BOOK XVI

 

 

 

  
Cet art ne souffe pas médiocrité. Principes pour une connaissance renouvelée du Chant

(Nella Anfuso, 2000)

La disparition de Claudio Monteverdi il y a 350 ans, en 1643, est aujourd'hui ressentie par tous les musiciens comme un événement majeur de leur histoire. Mais connaît-on vraiment Monteverdi? Lorsqu'il fut redécouvert, au début de ce siècle, on fut séduit par ce qu'on croyait être ses étrangetés, et l’on chercha surtout à les accorder à la sensibilité du moment, qui n'était pas encore tout à fait dégagée des effusions du romantisme. Puis les choses allèrent vite. On découvrit successivement le Moyen-Age, la Renaissance, le Baroque, chaque fois s'essayant à en reconstituer la lettre sans toujours en pénétrer l'esprit.

Celui-ci pourtant avait été clairement défini, et cela par Monteverdi lui- même. Il explique et justifie l'étonnement admiratif du P. Mersenne percevant le feu intérieur qui semblait dévorer la musique italienne de son temps à travers la conception humaniste, toute nouvelle alors, du parlar cantando. Encore fallait-il pouvoir à la fois lire ces textes et en entendre en même temps la résonance musicale.

Seule le pouvait la découverte de l'art vocal des maîtres d'Italie, qui allait bientôt conquérir l'Europe.

Grâce au talent et à la science de la grande cantatrice Nella Anfuso, dernière héritière de l'Ancienne Ecole Italienne, le présent livre entend permettre à tous ceux qui se passionnent pour ces problèmes d'en saisir toutes les données, explicant les termes, attentif aux techniques, aux contestes et aux sous-entendus.

On ne pouvait souhaiter de meilleur guide.

 

Professeur Emérite de la Sorbonne Jacques Chailley

Paris, avril 1993

"Cet  art  ne  souffre  pas  médiocrité",   a   dit   un   jour  le compositeur Giulio Caccini en parlant du chant virtuose de son époque.

Mais qui de nos jours peut entendre la force et la vérité de cette parole et comprendre  les  implications  qu' elle  suppose?   Quel chanteur, quel organisateur de concert, quel éditeur de disques, en un mot, quel acteur de notre vie musicale, est capable d'en saisir actuellement la véritable portée et la signification réelle? Tout se passe   comme   si   cette   médiocrité  tant redoutée avait fini par contaminer  notre  vie  musicale  et envahir les esprits, réduisant l' art  vocal  à  cette  triste  caricature que nous renvoie, non sans complaisance,  le  show-business  actuel  et  ceux qui en vivent...

Face aux modes artificielles, aux fausses vérités assenées  par des professionnels  ignorants,  calculateurs  et  sans  scrupule,  il est peut-être  temps  de  réagir et de remettre un peu de savoir-sinon d' ordre  et  de  bon  sens-dans  tout  ce  gâchis.  C'est la grande ambition  de  ce  petit livre qui se présente comme un traité de la buona vocalità, de la seule, de la bonne manière de chanter, telle qu'ont cherché à la définir depuis la Renaissance esthètes, philosophes, théoriciens et musiciens.

Sous houlette de la cantatrice et musicologue Nella Anfuso, voici  donc  une  plongée dans des textes vénérables et des traités anciens, pour  retrouver  la parole des vieux maîtres et un savoir oublié,  et  renouer  avec un idéal vocal tissé de longues patiences mais aussi de bon goût, dont la beauté longtemps scellée pourrait pourtant encore parvenir jusqu'à nous.

Xavier Lacavalerie

En   cette   période   de    décadence   qui   touche   tous   les aspects  de  la  civilisation, nous voudrions, dans le présent ouvrage,  nous   remettre  en  mémoire  le  grand  Art de la Voix,   à   son   âge  d'or,  du   XVIe   siècle   au   début   du XIXe siècle.

Le chant est le plus fragile de tous les arts, bien que le plus intense  et  il  reflète  comme  aucun  autre  l'essence  même d'une Culture et d'une Civilisation.

A   l' orée  du XXIe siècle, où la poésie est pratiquement morte, que pouvons nous dure du chant, si intimement lié à elle? Si nous ajoutorns à cela les viles préoccupations matèrielles (le vile interesse)  dont  parle  déjà  à  la  fin  du XVIIIe    siècle   Giambattista   Mancini   et  l' incompétence crasse  de  ceux  qui  ont  la  responsabilité  de  monter  des spectacles   d'opéra  (metteurs  en  scène,  chefs  d'orchestre, chanteurs - ces  derniers  réduits  à  l'état  de  marionnettes dans  les  mains  des  deux  premiers),  on  aura un tableau complet de la situation catastrophique actuelle.

Mais  le  fait  le  plus  grave est sans doute l'oubli total de ce qu'est et de ce qu'a été le Chant, oubli qui a entraîné l'usage et l' abus  d' une  terminologie  impropre  et  l'emploi de mots pris à contre-sens de leur signification d'origine.

L' ignorance  de  la  bonne  utilisation  de  la  voix (la buona vocalità)   a   également   une   conséquence    tragique :   la récupération   du   répertoire   antérieur   au  dix-neuvième siècle. Par une ironie du destin, on assiste à l'appropriation d' un  art  vocal représentant des sommets de virtuosité par d'authentiques mystificateurs, impuissants à en restituer la subtilité et la formidable complexité.

Pour    ces    raisons,    il   est   grand   temps   de   connaître véritablement la grande Ecole italienne de chant.

Cette   publication   s'adresse   à   tous   ceux   qui,  avec des  intentions    honnêtes    et   une   grande  sincérité,  désirent approcher    la    connaissance  d'  un   art   complexe  et  en apprécier les innombrables trésors.

Nella Anfuso

 

 

 

 

 

 

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